VOYAGEUR DE LA NUIT
Je marche sur des chemins bleus
Que l'on ouvre le soir.
Les pluies de l'hiver
Ont déjà clos mes yeux
Mais je viens te revoir.
J'ai vu ces cavaliers le long du fleuve glauque
Lointains s'en sont allés
Armes aux poings
Colère
Poussière d'hommes sans retour.
Je marche sur des chemins bleus
Que l'on ouvre le soir.
Bateliers, arrêtez !
Les pêcheurs ont tendus des filets.
Amasseurs d’espérance,
Le vent sème d'autres trésors :
Tendez vos mains pour l'unité.
J'ai souvenir des brumes épaisses
Retombées lourdement aux nuits sombres.
Voyageurs de froidure,
Toi qui vient des ténèbres,
Accepte mon sourire,
Prends l'écuelle et partage.
Je marche sur des chemins bleus
Que l'on ouvre le soir.
J'ai vu tes vieilles mains caleuses
Épuisées par la terre
J'ai vu ton vieux visage
Buriné par la houle et la tempête,
Je vous sais bâtisseurs d'espérance
Et par tout l'univers,
Je marche sur des chemins bleus
Que l'on ouvre le soir.
Poème de JEAN-FRANCOIS CORNU
Extrait du recueil : ET MA CROIX S'EST ENDORMIE
Éditions la Taverne aux Poêtes- Angers- 1971