L'AIGUILLE
Elle m'a piquée par hasard. […].Un soir d'octobre, salle des pas perdus, nous avons fait connaissance. Elle s'était façonné en silence un lit douillet sous mon aile et profitait de mon innocence pour sceller sa place dans mon corsage. Je m'en suis fait une compagne de passage, une passagère insolite. Je me suis apprivoisée à sa présence invisible comme une discrète complice, une douce habitude. […]. Je l'ai prise par la main, comme j'aurai pris une enfant égarée. Sa main est une aiguille émoussée, une pince rugueuse, une griffe coriace et indolore, une javeline rude, obstinée, incisive. Elle s’agrippe, se cramponne avec une affective certitude. […]. Alors nous cheminons ensemble le sourire en coin. Peu importe ses intentions nous sommes unies pour le meilleur ou pour le pire, pour une villégiature temporelle, condamnées à déambuler ensemble sur ce chemin chaotique.
Alors ensemble, nous irons jusqu'au bout...
Anne-Marie Dutilh
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