J'ai lu le livre de Yves SIMON, un homme ordianire, je l' ai tellement aimé, qu' aujourd'hui j'ai envie d'en partager un extrait avec vous. Je ne pense pas, s'il l'apprend, que l'auteur en soit fâché.
"... L'âme des morts nous frôle à chaque instant... Je te parle comme si le fossé du passé n'existait pas. Douloureusement je retrouve ton chemin, celui qui mène, à travers les ronces et quelques aubépines, à l'homme qui accompagna une courte séquence de ma vie. Balade sentimentale, chanson filiale recomposée par la focale des souvenirs, je t'invente des traces que tu n'as pas laissées, sans doute parce que celles que tu as délivrées ne sont plus aujourd'hui entreposées que dans mon coeur.
Plus j'avance dans ce recit, plus j'exhume des séquences ... de ma jeunesse... ces séquences ... qui nous faisaient appartenir à un même monde alors que j'en traversais déjà les miroirs. Ce monde ... qui n'existe plus. Il est sans regret puisque je ne peux le revivre. Pourtant sa réminiscence ensemence mes pensées, je le palpe et le hume, il gît enfouit à l'intérieur de mes pensées pareil à un linceul de douceur. Le corps des morts se noie à la surface des choses qui leurs ont survécu, seules leurs âmes viennent caresser nos esprits dans les rêves et les songes, afin de faire revivre à nos désirs ceux que l'on a aimés. Chargées de paroles, de sourires, d'effleurements de mains, de baisers, les âmes des morts s'insinuent, sournoises, à l'interieur de notre peau, nous happent par surprise alors qu'elles ne sont nullement convoquées, pour faire sourdre dans nos mémoires une image pâlie, un parfum évaporé..."
Yves SIMON -Un homme ordinnaire - Editions NIL novembre 2011