EXTRAIT DE PRELUDE
C’est dans le silence profond de nos alcôves, sur les crépis décrépis, que les chuchotis d’autrefois hurlent tout bas les souvenirs déchirants de l’avant.
Et quelle que soit la douleur de notre peau, la pâleur de nos mots, les accoutumances de nos différences, l’avant est toujours le même présent murmuré.
L’avant, c’est ce temps où l'âme du temps éloigné se noue à l’âme du temps à renaître.
L’avant, c’est ce temps où l’âme du temps à répandre la lumière sur les maux et à penser plus haut dans l'éclat des heures que le jour levant ne sera plus l’abîme de douloureuse contemplation.
A souffrir sans cesse sa nuit, à se suffire dans son absolu silence, reste-il encore l'espoir des mains offertes au matin renouvelé.
Alors cheminer.
Cheminer interminablement dans les dédales d’anciens tourments, prisonnier dans l’armure des maux, entre les morsures de l’existence qui alourdissent les paupières et la folle envie d’effleurer, de caresser, l’espace d’un instant, la douceur du tendre, agrippé au rythme effréné du temps vagabond.
Vouloir.
Vouloir avec une infinie obsession déserter.
Déserter le silence et saisir avec audace l’étoile qui tapisse d’une nouvelle lumière le mur de nos lancinements intangibles et se laisser guider…
Anne-Marie Dutilh Copyright By L'Ecritoire du Reguin
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